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♫ Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi ♫

02 Mai 2016
Foodsharing
© Louise Osborne

C’est sans doute ce que chanteraient les aliments des frigos en libre service de Berlin s’ils pouvaient parler. Alimentés par un réseau de restaurateurs, distributeurs et particuliers, ces réfrigérateurs proposent des produits gratuits, accessibles à tous. Le concept pourrait bientôt voir le jour en France.

Chaque année, plus d’1,3 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées selon une étude datée de 2015, de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Un constat accablant qui a donné à l’association allemande Foodsharing cette idée surprenante : des frigos en libre service, parfois disponibles 24h/24, pour rendre disponible à tous des denrées qui autrement iraient droit à la poubelle !

Mobilisation générale

Un bataillon de 1.700 Foodsavers bénévoles, récupère les denrées invendues auprès du millier de supermarchés et de restaurateurs partenaires. Particuliers et touristes  peuvent également apporter leur concours. Seule condition : proposer de la nourriture consommable et laisser le frigo propre.  Une jeune étudiante explique : « « Si par exemple, je pars demain en voyage, et que j’ai chez moi des yaourts qui risquent de se périmer, je peux passer ici les déposer dans le frigo. Il y aura peut-être quelqu’un que ça intéressera.»
Et ça marche ! Le dispositif dénombre 110 000 utilisateurs et aurait déjà permis de détourner 9,5 millions de tonnes de nourriture de la poubelle.

Gagnant-gagnant

Même les distributeurs y trouvent leur intérêt. Un des dirigeants de la chaîne de magasin Bio Company, première entreprise à avoir soutenu le projet, avoue que « presque plus rien ne va à la poubelle. En plus, nous avons besoin de beaucoup moins de place pour les containers et nous économisons de l’argent : un effet secondaire bienvenu ! »

Un dispositif menacé…

Aujourd’hui, Berlin compte une vingtaine de frigos hébergés chez des commerçants ou simplement dans la rue. Mais pour combien de temps ? Au mois de février, les pouvoirs publics notaient « des conditions d’hygiènes douteuses, notamment des emballages déchirés et ne répondant pas aux normes européennes » comme le souligne Sabine Toepfer Kataw, secrétaire allemande à la protection des consommateurs. Suffisant pour remettre en question cet écosystème vertueux qui n’a connu aucune plainte en 3 ans ? La résistance s’organise : une pétition a été lancée et a déjà récolté près de 30 000 signatures.

…mais qui essaime

Malgré ces freinages, l’idée s’exporte. En 2015, Montréal et Québec ont inauguré leurs deux premiers frigos communautaires. Et pourquoi pas en France ? L’idée a été reprise par certains parisiens dans le cadre du budget participatif en février 2016. La loi sur le gaspillage alimentaire adoptée en 2015 positionne en tout cas l’hexagone comme un lieu d’expérimentation privilégié pour ce genre d’initiatives.

 

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