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Rafaëlla Scheer, « saltimbanquière » à double impact
Société

Rafaëlla Scheer, « saltimbanquière » à double impact

12 Août 2025

Un mi-temps comme consultante en investissement durable chez Axa Climate, un autre à « faire des blagues sur les scénarios du Giec ». « Un pied dedans, un pied dehors » et la tête bien structurée, Rafaëlla Scheer s’adonne à « deux formes d’impact », qu’elle entend bien concilier.

Par Laurence Madoui

Pas de « grande démission » à l’horizon. « L’hyperactive » est aussi hyperlaxe : la « saltimbanquière » fait le grand écart entre ces deux pans de vie professionnelle, pour multiplier les connexions et « éviter le vase clos ». Un temps, elle envisage de prendre un nom de scène, pour dissocier ses activités. Et conclut, « à l’aise avec sa double casquette », qu’ici et là s’expriment « deux personnalités pas si différentes. Ces deux mondes se rejoignent, chacun avec son ton et sa visée propres ».

Son expertise en finance durable la crédibilise et lui donne « des clés pour passer des messages » sur scène. En entreprise, son aisance à l’oral l’aide à « porter ses idées avec conviction ». Des collègues et d’anciens clients l’ont vue sur les planches. Loin d’entamer sa crédibilité, ses facéties parlent à ces professionnels, « dans un secteur où l’on est assez engagé ».

« deux personnalités pas si différentes. Ces deux mondes se rejoignent, chacun avec son ton et sa visée propres »

Rafaëlla Scheer, consultante chez Axa Climate, humoriste et animatrice du Greenwashing Comedy Club

Pas question pour autant de « faire un show au bureau ! ». Son heure de seule en scène s’intitule « Dissonante ». Ce qu’était déjà la lycéenne parisienne : la littéraire de la famille – seule de la fratrie de quatre à ne pas épouser une carrière médicale – suit sagement la filière scientifique, « voie tracée des bons élèves ».

Et enchaîne sur un double master Sciences Po – HEC, écoles réputées « ouvrir des portes ». Comme celle de l’improvisation théâtrale, abordée dans la troupe d’HEC. En dernière année de Sciences Po, où un échange universitaire la mène à Hong Kong, celle qui s’est « toujours considérée écologiste » guette les soldes sur les billets d’avion, qu’elle prend « comme le RER » pour diverses destinations d’Asie.

L’à peine trentenaire excelle à l’auto-dérision et taquine volontiers le public, sans « discours culpabilisateur ». À chaque prestation, elle ajuste le spectacle, « encore en rodage ». Sa vitalité solaire ferait presque douter qu’elle est de la catégorie de « ces grands angoissés qui font du stand-up, manière de surmonter de grandes questions souvent sans réponse ».

« C’est là que l’on sait si une blague est bonne : elle fonctionne auprès de ceux venus pour l’humour, pas pour les idées »

Rafaëlla Scheer, consultante chez Axa Climate, humoriste et animatrice du Greenwashing Comedy Club

Animatrice du Greenwashing Comedy Club, elle tient à s’écarter des salles où le public est acquis. « C’est là que l’on sait si une blague est bonne : elle fonctionne auprès de ceux venus pour l’humour, pas pour les idées. »

Parmi ses projets : faire avec ses comparses une tournée des sites les plus pollués du pays. Elle s’apprête à jouer pour une association investie dans la justice climatique. Une première occasion d’injecter davantage de matière dans ses sketches, d’« aller plus au fond des sujets, dans une optique de vulgarisation ».

Après le scénario RCP 8.5 du Giec, c’est sur la notion de pertes et dommages qu’elle actionnera des ressorts comiques.

Crédit photo de couverture : Rémy El Sibaie

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