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Laure Prévault Osmani : Repenser le tracteur agricole
Innovation

Laure Prévault Osmani : Repenser le tracteur agricole

22 Juil 2025

Avec son mari Alexandre, Laure Prévault Osmani a lancé en 2017 Sabi Agri, qui conçoit et fabrique des tracteurs et robots agricoles 100 % électriques. Leurs modèles ne sont pas des adaptations électriques de leurs équivalents thermiques : ils ont été pensés par rapport à un besoin, l’agroécologie.

Propos recueillis par Mathilde Cristiani

Quelle est la particularité de vos tracteurs et robots, outre le fait qu’ils sont totalement électriques ?


Nos machines sont légères et polyvalentes et répondent au cahier des charges de l’agroécologie : travailler très peu les horizons du sol, faire des variations de culture. Notre particularité est notre sobriété énergétique : notre tracteur consomme dix fois moins d’énergie que son équivalent thermique, nous sommes à 40 kW/h, c’est moins qu’une Zoé, pour travailler de 6 à 12 heures. Il permet de faire le même travail en termes de qualité et de rendement que le thermique, tout en préservant les sols.

Comment y êtes-vous parvenus ?

En nous focalisant sur le comment, en nous disant que l’objectif n’était pas de faire comme l’existant. Nous sommes partis du postulat : je veux le même rendement pour rester productif mais je veux que ce soit plus qualitatif, plus respectueux. Pour cela, il ne suffit pas de remplacer le gasoil par une batterie mais de changer la façon de faire.

« Nous avons ainsi designé un tracteur qui dès la conception répond au nouveau besoin, à une architecture mécatronique complètement nouvelle et qui est compatible avec toute pile la plus respectueuse de l’environnement. » 

Nous avons réussi à caractériser la juste puissance agronomique, c’est-à-dire le poids versus la puissance et l’autonomie. Nous avons ainsi designé un tracteur qui dès la conception répond au nouveau besoin, à une architecture mécatronique complètement nouvelle et qui est compatible avec toute pile la plus respectueuse de l’environnement.

Crédit photo : Sabi Agri


Quel est votre modèle économique ?


La commercialisation de nos tracteurs. Nous avons dépassé les 100 machines produites depuis notre création et doublons tous les ans le chiffre d’affaires. Pour nous aider dans notre croissance, nous avons déjà levé un peu moins de 10 millions en deux fois. Nous sommes sur une troisième levée de 10 millions en série B actuellement, pour nous développer en Europe.


Comment est née l’idée ?


On est partis de la question : c’est quoi bien manger ? Qu’est-ce qu’il faut pour le faire ? Mon mari, Alexandre, était agriculteur et a orienté le focus sur l’importance du producteur. Cela nous a permis de réfléchir ensuite de façon plus globale, sur l’impact de l’agriculture.

Et c’est là que l’agroécologie dans sa pratique s’est imposée à nous. Mon mari l’a mise en place sur sa ferme et nous avons ensuite inventé le tracteur électrique français pour les agriculteurs.


Vous êtes avocate de formation, comment êtes-vous passée du droit à la direction générale d’une entreprise de tracteurs et robots électriques ?


En suivant mes valeurs ! De mes premiers postes au lancement de Sabi Agri, le lien est l’engagement dans l’impact que mon travail, mes actions, peuvent avoir. Étudiante, j’étais très engagée déjà sur les causes humaines et environnementales, j’ai fait du droit des étrangers, du droit pénal et du droit environnemental.

« De mes premiers postes au lancement de Sabi Agri, le lien est l’engagement dans l’impact que mon travail, mes actions, peuvent avoir. » 

Sabi Agri est une entreprise familiale, avec l’ambition de transformer fondamentalement un pan de marché et de la société. Il faut des compétences complémentaires pour faire fonctionner un projet, Alexandre avait le côté exploitant agricole et ingénieur, et l’envie de mettre du sens dans son projet, moi la capacité à gérer une entreprise avec ses enjeux financiers et humain.

Comment vos engagements se vivent à travers Sabi Agri ?

Je suis cheffe d’entreprise dans un milieu agricole et industriel encore masculin. C’est un message fort pour moi de montrer que l’on peut tenter des approches d’entreprises féministes qui se battent pour l’égalité et la mixité. Je crois que plus il y en aura, plus d’autres choses vont arriver et faire bouger les lignes. Le bien-être au travail, par exemple, fait bouger la notion d’impact des entreprises. Tout est lié !


Crédit photo de couverture : Sabi Agri

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