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UED 2025
« Le “back to basic” des entreprises a changé : la transition écologique et sociale est désormais au cœur de leur compétitivité »
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« Le “back to basic” des entreprises a changé : la transition écologique et sociale est désormais au cœur de leur compétitivité »

25 Août 2025

Entretien avec Caroline Neyron, Directrice générale du Mouvement Impact France, à l’occasion de la 7e Université d’été de l’économie de demain (UED).

Caroline Neyron ©Etienne Boulanger
Caroline Neyron – ©Etienne Boulanger

Cette 7e édition des Universités d’été de l’économie de demain (UED) s’installe désormais dans le paysage. Quelle est sa singularité ?
Caroline Neyron : L’UED n’est plus une nouveauté, c’est un rendez-vous qui s’est ancré dans la rentrée économique. Quand nous l’avons lancée, l’idée était de porter une autre voie entrepreneuriale, à contrepoint de la rentrée traditionnelle. Nous voulions apporter un éclairage nouveau, celui d’entrepreneurs pionniers qui défrichent des sujets en avance de phase. Aujourd’hui, cette parole s’est installée.

Le thème choisi cette année est « Retour vers le futur ». Que signifie-t-il ?
C.N. : Nous avons voulu interroger ce « back to basic » qui revient souvent dans les discours économiques. Particulièrement ces derniers mois. Mais pour nous, les fondamentaux ne sont plus ceux d’hier. Le « business only » ne suffit plus. Les préoccupations écologiques et sociales ne sont plus des sujets périphériques : elles sont devenues centrales. Quand on parle coût de l’énergie, stratégie de décarbonation, recrutement ou prévention des accidents du travail, ce sont des réalités quotidiennes pour les entreprises. De même pour l’eau, la biodiversité ou les vagues de chaleur : ce sont déjà des contraintes très concrètes dans certains territoires. Être compétitif aujourd’hui, c’est savoir intégrer ces enjeux.

Vous parlez d’un moment de « recul » dans les débats économiques. De quoi s’agit-il ?
C.N. : Après des années d’élan, certains voudraient revenir à une forme de normalité : « concentrons-nous sur le cœur du réacteur, ne compliquons pas la vie des entreprises avec des problématiques sociales ou écologiques ». Mais la vérité, c’est que ce « cœur du réacteur » a changé. Il est impossible d’être performant économiquement si l’on fait l’impasse sur la transition. Ce n’est donc pas une option mais une évidence.

Comment l’UED aborde-t-elle ces transformations ?
C.N. : L’UED reste le lieu où les pionniers partagent leurs pratiques. Mais l’enjeu n’est pas de rester entre convaincus. Nous cherchons à élargir le cercle, à confronter les points de vue et à trouver de nouveaux compromis acceptables par le plus grand nombre. C’est aussi ce qui donne du poids à nos propositions : elles ne sortent pas d’un chapeau mais de six mois de travail collectif, nourri par la diversité des acteurs présents – entreprises, grands groupes, start-up à impact, élus, société civile.

Quelles seront les grandes thématiques mises en avant cette année ?
C.N. : Deux grandes verticales structurent le programme. La première concerne la finance, avec une question centrale : comment faire en sorte que la finance européenne devienne un véritable moteur de l’économie de demain ? La seconde porte sur les territoires. Les collectivités sont en première ligne face aux bouleversements économiques et écologiques, mais elles disposent de moins en moins de moyens. A l’approche des élections municipales, comment construire des économies locales résilientes et attractives, capables de retenir les talents et de gérer durablement les ressources ? Ce sont des enjeux de compétitivité autant que de transition.

Concrètement, à quoi les participants peuvent-ils s’attendre ?
C.N. : Près de 60 masterclass, animées par des entrepreneurs de renom, permettront d’entrer dans le concret. L’idée est d’offrir des retours d’expérience très pratiques, y compris sur les échecs, pour progresser ensemble. C’est un espace d’échanges « par et pour » les entrepreneurs, où l’on repart avec des méthodes, des idées et des solutions applicables. À côté de cela, les plénières donneront lieu à des propositions formulées collectivement, qui seront présentées aux pouvoirs publics dès le lendemain. C’est ce travail de fond qui, par le passé, a permis des avancées très concrètes, comme le vote de la loi sur la fast fashion.

Que représente l’UED dans le paysage économique français ?
C.N. : C’est une bulle de respiration mais aussi d’exigence. Elle nous rappelle que les contradictions existent, mais qu’il est possible d’avancer ensemble, public et privé, autour de compromis nouveaux. C’est aussi une manière de dire aux entrepreneurs : vos préoccupations quotidiennes – énergie, climat, ressources humaines, santé au travail – sont au cœur de la transformation économique et écologique. Et que c’est bien cela, aujourd’hui, le « back to basic ».